La robe Agathe, partie 2: la confection
Le mois dernier je vous parlais du double jupon confectionné pour soutenir une vraie robe de princesse...
Voici la suite de cette belle aventure:
Ma future mariée étant très très fine, impossible de travailler sur ma chère Roberta, à moins que ce ne soit mon mannequin de couture qui ait les épaules trop larges! J'ai donc décidé de mouler entièrement la robe directement sur la demoiselle en chair et en os... sans prendre aucune autre mesure que sont tour de taille!
Avec le recul, c'était malgré tout une erreur: quelques mesures de plus m'auraient bien aidées à vérifier mon patron obtenu par moulage!
Mais j'avais décidé de me faire confiance, et ce fut plutôt payant.
La robe n'ayant pas véritablement de traîne malgré le volume donné à l'arrière, la future mariée voudrait un voile très long que ces petites demoiselles d'honneur puisse tenir. Je lui propose de le lui faire sur mesure dans le même tulle que celui de sa robe: un tulle extrêmement fin et transparent, très fluide qui n'alourdira pas l'ensemble.
Le premier essayage a donc été consacré au patronage du bustier en toile à beurre ou toile à patron: un tissu de coton bien rigide mais plutôt fin et un peu transparent qui permet de garder une visibilité sur les rubans de repères épinglés sur la demoiselle... enfin sur le sous-pull qu'elle portait!
Dès le second essayage, j'avais cousu un premier bustier en satin duchesse choisi pour la version définitive (nous avions bien assez de tissu pour nous le permettre!)... bustier qu'il a fallu reprendre presque entièrement malgré le premier moulage: l'ensemble était un peu trop grand, mais surtout ne mettait pas du tout la future mariée en valeur!
A la suite de cet essayage, j'ai donc modifié mon premier patron en déplaçant les découpes princesse du devant pour galber un peu plus la poitrine (= accentuer la forme coeur du décolleté, creuser plus sous la poitrine et terminer le bas de la partie centrale un peu plus en pointe) , en creusant davantage au niveau de la taille sur les côtés et en élargissant un peu plus les hanches (le jupon comblerait la différence!).
Puis j'ai refais un second bustier (qui servira de doublure à la version définitive de la robe) en tenant compte de tout ça!
Un troisième essayage nous a permis de vérifier les modifications apportées, de rajouter encore quelques petites retouches (ma future mariée est décidément vraiment très fine!) et de passer au moulage du corsage en dentelle destiné à recouvrir tout le buste.
Pour ce dernier, après quelques essais infructueux en toile à patron, j'ai décider d'utiliser directement la dentelle... grosse prise de risque me direz-vous! Mais le bord festonné de la dentelle choisi n'étant pas très régulier, cela m'a permis d'ajuster le décolleté au mieux pour garder au maximum la continuité du motif. Et puis, il n'y a pas eu de surprises concernant l'élasticité du tissu (contrairement à ce que j'avais pu vivre pour la "robe Mady"!).
Pour cette partie-là, j'ai vraiment eu l'impression de sculpter la matière à coup d'épingles et de ciseaux! Et l'avantage, c'est que la future mariée voit sa robe se créer sous ses yeux et peut à tout moment intervenir pour d'éventuelles modifications!
Lors de ce troisième essayage, j'ai également patronné la partie jupe. Ce fut le plus aisé: une grande jupe cercle légèrement plus longue et large à l'arrière... je me suis laissé guider par la forme du double jupon.
Au quatrième essayage, le bustier avait été retouché et la fermeture éclair posée, le corsage en dentelle en partie cousu (je m'était laissé la possibilité de revoir les emmanchures grâce à des épingles et j'ai eu raison: il a fallu les retravailler encore!). Nous nous sommes enfin occupées des manches: la future mariée les voulaient "papillon"... mais après quelques essais et sur l'avis de sa maman et de moi-même (même si nous n'avons pas trop insisté pour ne pas trop l'influencer!), elle d'cide d'opter pour des manches "aux coudes" plus ajustées.
Pour moi ce quatrième essayage a été un peu plus éprouvant que les précédents: on était au mois de juin, je venais de découvrir que je portais un petit invité surprise, et les nausées ainsi que la fatigue de début de grossesse commençaient à bien se faire sentir! D'ailleurs, je n'avais pas eu l'énergie de coudre la jupe comme je l'aurai dû. Ce qui nous a valu l'obligation de prévoir un essayage supplémentaire!
Nous étions à deux mois du mariage... deux mois correspondant pour moi au deuxième et troisième moi de grossesse... pour celle qui connaissent les affres des nausées du premier trimestre de grossesse, je vous laisse imaginer les difficultés que j'ai eu à finir un tel projet! J'avais même prévu de faire appel à une amie très bonne couturière pour le cas où la tâche s'avèrerait trop difficile!
Mais j'ai tenu bon!
Dans un grand élan de courage et avec l'aide précieuse d'une des petites soeurs de la mariée, j'ai découpé les différentes couches constituant la jupe (une en satin duchesse et trois en tulle très fin et très souple) à même le sol de ma cuisine/ salle à manger (après ménage bien sûr!): seul endroit suffisamment spacieux pour accueillir une telle surface de tissu! Puis j'ai assemblé tout ça et cousu l'ensemble au bas du bustier.
Le corsage était pratiquement fini, il ne restait qu'à le coudre à la mains à petits points invisibles sur le bustier et y ajouter le bord festonné, toujours à la main, faire des brides et coudre les trois minuscules boutons perles en haut du dos... encore à la main!
Au cinquième essayage, grosse frayeur: j'enfile la robe quasi finie sur la future mariée, je ferme la fermeture éclair dans le dos et je l'entend me dire, affolée: "il y a un problème: je ne respire plus!!!" Je vérifie... la fermeture n'a pas l'air de tirer plus que ça, certes l'ensemble est très ajusté mais ça ne me semble pas exagéré... et pourtant, il faut bien que cette mariée puisse respirer!!! Puis au bout de quelques secondes, elle se détend petit à petit et me dit que finalement ça va... la chaleur? Le stress? Le fait de ne pas être habitué à une tenue si ajustée (et oui quand on veut ressembler à une princesse il faut apprendre à respirer par les poumons et plus par le ventre!)... Quoiqu'il en soit, nous voilà bien soulagées toutes les deux!
Nous décidons d'une petite retouche supplémentaire au niveau des hanches et d'accentuer l'effet de pointe en bas du corsage devant pour galber encore un peu plus la taille. Je marque les ourlets et nous prenons les mesures pour la longueur du voile... trois mètres de large pour quatre de long, rien que ça! Mais le résultat en vaudra la chandelle!
Courage: plus que quelques finitions, le voile à couper et border (merci ma surjeteuse!) et le tour est joué!
Les quinze derniers jours avant le mariage, je me sens des ailes (j'ai même pensé que ça y était, j'en avais fini avec les nausées... mais il faudra un bon mois de plus pour que je puisse enfin respirer!), les finition sont très minutieuses et longues, mais ça avance. Le voile en tulle est un peu pénible à couper, mais finalement ça se fait bien.
L'avant-veille, je lui apporte enfin la précieuse robe ainsi que son voile! Nous faisons un ultime essayage, je rajoute un tout petit point par-ci par-là pour finir d'ajuster parfaitement le corsage de dentelle sur le bustier (manie de perfectionniste!), nous évitons de justesse la catastrophe à cause d'un scratch de la pédale d'un vélo d'appartement dans lequel le tulle s'était prit!
Nous nous quittons ravies toutes les deux, soulagées surtout!!! Et nous donnons rendez-vous le jour J pour l'habillage.
Ça c'est l'immense privilège de la couturière: accompagner la mariée jusqu'au bout! J'étais même dans la voiture l'accompagnant à l'église pour remettre en place la traîne et le voile avant sa grande entrée!
Et puis je me suis baladée toute la soirée avec un nécessaire à couture dans mon sac à main pour pallier à toute éventualité (remonter la traîne après avoir enlevé le sur-jupon pour danser, vérifier un cerceau du jupon rond que la mariée a cru cassé, épingler la ceinture de ce même jupon dont le scratch de fermeture s'est avéré un peu trop léger pour résister aux passes des multiples rocks...)
Aller, place aux photos maintenant:
Le choix des tissus: dentelle vendue par une boutique anglaise sur ebay, et satin duchesse ivoire de chez tissus.net.
Le repport des pièces du bustier en toile à patron sur le satin duchesse
Premier bustier en satin duchesse, pour le maintien, une baleine spiralée de 5mm de large est prévu dans chaque marge de couture plus une dans une coulisse formée par un biais appliqué au centre du devant.
Retouches du bustier en satin et patronage du corsage, le tout porté sur le double jupon.
Patronage de la jupe. Les photos ne rendent pas hommage au volume de la robe!
La partie avant de la jupe: un simple demi-cercle, le bustier posé au dessus donne une idée des dimensions!
Le demi-dos de la jupe: on voit bien la longueur plus importante donné à l'arrirère.
La jupe: trois épaisseurs de tulle très fin (tissus-price.com) sur une épaisseur de satin duchesse.
La jupe assemblée au bustier.
Essayage de la robe presque terminée... il manque les boutons en haut du dos, le feston appliqué ensuite à la main en bas du bustier et des manches, quelques (nombreux!) points à la main pour appliquer le corsage de dentelle sur le bustier (là il est maintenu par des épingles!) et l'ourlet bien sûr!
La mariée pourra s'assoir sans probèmes (à condition qu'on lui tienne la chaise!)! Nous avons aussi testé la position à genoux pour la messe, quelques pas de danse... mais je n'ai pas de photos!
Et en bonus un détail de la doublure du bustier avec ma petite marque de fabrique!
N'ayant pas fait de prise de vue lors des essayages suivants, je vous dit à très bientôt pour les photos du jour J!
AM.